Le journaliste et promoteur de la MATDEL CANADA, conduit les maires au Canada en vue du renforcement de leurs capacités en matière de tourisme et de développement local dans le cadre de son cabinet d’expertise IOM SARL l’international. Pour le président de l’Association de la Presse pour le Tourisme Responsable et membre de la Fédération Internationale des Journalistes et Écrivains de Tourisme (FIJET), le Canada présente des bons modèles de tourisme et de développement local. Lire l’interview!
Le 5 avril dernier vous avez conduit une délégation des maires au Canada. Peut-on savoir ce qu’il en était?
JSK: Il s’agissait effectivement d’une délégation des maires et des acteurs du développement local du Cameroun que nous conduisions au Canada, dans le cadre de la Mission Africaine d’ Apprentissage sur le Tourisme et le Développement Local en abrégé MATDEL CANADA. Cette mission qui en était à la première édition a vu la participation d’une vingtaine de maires et acteurs du développement local.
Pouvez-vous nous expliquer le concept : MATDEL CANADA ?
JSK: Il s’agit d’un événement international organisé par le cabinet IOM SARL international, en vue de renforcer les capacités des conseillers municipaux africains en matière de développement local et de tourisme. Et comme les municipalités ne travaillent pas seules, nous avons associé les entrepreneurs, associations, ONG , bref les acteurs qui interviennent dans les processus de développement d’une municipalité.
Pourquoi avoir ciblé les municipalités?
Pour nous, le développement d’un pays devrait partir des municipalités, qui sont des collectivités territoriales dont l’ensemble forme le pays ou la nation. Ces collectivités territoriales reçoivent une bonne parcelle de pouvoir de l’État central, des compétences et ressources pour subvenir aux besoins primaires, secondaires et tertiaires des populations. Ces compétences et ressources reçus au niveau local visent aussi le développement des différents secteurs d’activité dans les municipalités. Vous comprenez que les maires ont besoin d’être capacité afin de remplir leurs missions. Dans cette perspective nous offrons une opportunité d’aller apprendre des meilleurs modèles de développement dans le monde.
Des modèles on peut en avoir partout. Et pourquoi le Canada ?
JSK: Le Canada, vous le savez, est une grande puissance qui attire beaucoup d’attention ces derniers temps en matière immigration notamment. Mais si ce pays attire les migrants, les travailleurs et demandeurs d’asile, c’est bien parce qu’il présente un niveau de développement qui séduit. Pour parler de tourisme, le Canada est au top 20 des destinations touristiques les plus compétitives dans le monde, il occupe la 11e position. L’économie canadienne a connu une croissance estimée à 1,1 % en 2023 et les perspectives de croissance pour 2024 et 2025 sont parmi les plus fortes des économies du G7.
En 2023, le Canada affichait les taux de croissance de l’emploi et de la population les plus élevés parmi les pays du G7 et devrait conserver cette position en 2024 et 2025. Les politiques de développement local au Canada sont inspirantes pour les pays en voie de développement. Fort de tout ce potentiel et des rapports au beau fixe entre le Canada et l’Afrique en ce moment, nous avons choisi le Canada comme terre d’accueil de notre projet. Il faut ajouter que parmi les pays que nous avons contacté au départ de cette initiative, le Canada s’est montré plus intéressé et enthousiaste. Il nous a été fortement recommandé par le Centre Mondial d’Excellence des Destinations (CED) basé à Montréal. C’est le CED qui nous a recommandé le Québec et plus précisément la MRC du Granit dont la préfète est devenue la marraine de l’événement. La MRC du Granit regroupe plus de 20 municipalités dans la région touristique de Megantic. Et la ville historique de Lac Megantic était l’hôte de la première édition.
Qu’est ce qui explique la mise en avant du tourisme et du développement local?
JSK: Le tourisme est la première industrie au monde devant le pétrole et le développement local est d’actualité dans nos pays qui mettent de plus en plus l’accent sur la décentralisation. Au Cameroun on parle même d’accélération du processus voyez-vous. Le ministère du tourisme dans ce cas a déjà opéré des transferts de ressources et des compétences à certaines communes. Cela dit, le tourisme peut être un levier important voir un moteur du développement local. Certains pays d’Afrique comme la Tunisie, Kenya en ont fait une source d’enrichissement et de développement. Nous pensons que le modèle canadien de tourisme est approprié pour inspirer les maires d’Afrique. Il ne s’agit pas de faire des copies, loin s’en faut. Mais apprendre les techniques, les processus et les moyens pour développer l’industrie du tourisme en Afrique et développer les municipalités africaines.
Parlons de la première édition quel bilan en faites-vous ?
- JSK: Positif si je m’en tiens au résultat des sondages opérés par les services de la MRC du Granit au Québec. En six jours, les maires et acteurs du développement local ont participé à un forum de formation de deux jours sur le tourisme et le développement local avec leurs homologues maires du Québec et des experts en la matière. Ils ont également eu droit à des visites guidées pour toucher du doigt les projets réalisés dans différents secteurs. Le programme donnait aussi lieu à des rencontres B2B.
Il faut dire que la MATDEL CANADA est marquée par les ateliers de formation et de préparation avant l’événement. Les maires sont alors formés par le CED, notre partenaire pour tirer meilleur profit de la mission. Cette dernière signe des ententes avec les municipalités participantes en vue d’un accompagnement pour le développement des destinations.
Les gouvernements africains sont-ils associés à cette initiative?
JSK : Nous travaillons bien entendu avec les gouvernements africains et canadiens. Au Canada l’événement jouit de la collaboration de la MRC du granit qui a associé les parlementaires et le ministère québécois du tourisme. Pour la première édition, nous avons bénéficié de l’appui technique du Ministère du Tourisme et des Loisirs qui a déployé une délégation de trois responsables dirigés par monsieur l’inspecteur général. D’autres ministères comme celui de la décentralisation et du développement local et le ministère des relations extérieures ont été saisis à cet effet. Donc dans chaque pays, nous nous rassurons de travailler tout aussi avec le gouvernement.
Quelles sont les perspectives de la MATDEL Canada?
Du 25 au 30 septembre prochain va se tenir la deuxième édition de la MATDEL Canada invitée à prendre part au congrès annuel de l’AFMO (Association Française des Maires de l’Ontario ). Nous sommes déjà en préparation des éditions 2025 qui auront lieu à Lac Megantic. Nous sommes en pourparlers avec les municipales de l’Ontario pour accueillir la MATDEL. L’innovation dans nos prochaines éditions c’est l’invitation des élites africaines de la Diaspora.
Pensez-vous que ces missions peuvent permettre de freiner le départ massif des travailleurs qualifiés au Canada?
JSK : les travailleurs africains recherchent les meilleures conditions sociales que le Canada offre. C’est légitime de rechercher le mieux-être et un meilleur environnement social et professionnel. L’Afrique doit penser à offrir aux travailleurs qualifiés un meilleur traitement pour qu’ils ne partent pas ailleurs. Au lieu de se plaindre de l’immigration qui viderait l’Afrique de ses ressources humaines, travaillons à développer l’attractivité territoriale de nos pays en nous inspirant des pays qui ont réussi. Allons au Canada pour apprendre et développer nos municipalités. Au-delà d’être une terre d’accueil des migrants, le Canada est une terre d’apprentissage pour nos municipalités!
Interview réalisée par Serge SEPPOH
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