Le 25 octobre dernier à Yaoundé, le Cameroun Economic Policy Institute (CEPI) a lors d'une conférence de presse et d'un panel de discussion, présenté son rapport intitulé : " l'impact de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) et de l'Accord de partenariat économique (APE) sur l'économie camerounaise". L'objectif principal était entre autres de présenter les conclusions aux médias, de discuter sur les implications et de proposer des recommandations politiques pour soutenir la mise en œuvre des deux accords commerciaux.
En effet, le Cameroun a signé l'accord de la ZLECAF le 21 mars 2018 et l'a ratifié en octobre 2019, devenant ainsi le 33e État partie avec 6 autres pays, pour mener la phase expérimentale de cet accord qui vise à assurer la circulation sans restriction des biens et services au-delà de la zone CEMAC pendant cette phase pilote. De l'autre côté, le pays a également signé l'APE en 2009 avec l'entrée en vigueur le 4 Août 2016, permettant au Cameroun de bénéficier d'un accès en franchise de droits pour tous ses produits. Le rapport présenté par le CEPI examine ainsi, l'impact de ces deux accords pour l'avenir économique tant au niveau de la croissance du PIB, des exportations, des investissements que sur des ménages camerounais.
Le rapport d'environ 64 pages a utilisé le modèle régional dynamique d'équilibre général calculable (RSCGE) et a également appliqué les matrices de comptabilité sociale (SAM) pour faire ressortir les avantages dont tireraient le Cameroun à implémenter une approche plus locale qu détriment des décisions internationales d'ici l'an 2030. Notons que le Cameroun est la plus grande économie de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale et que dans l'accord de la ZLECAF, 90% des droits d'importation des produits, 7% des droits de douane sur les produits sensibles sont supprimés sur une période de 10 ans pour les pays les moins avancés (PMA) pour stimuler le commerce.
Principaux résultats
Dans sa présentation succincte du rapport, Henri Kouam, Directeur exécutif du CEPI examine que si les deux accords sont appliqués, le taux de croissance du PIB augmenterait de 7,45 contre 5% entre 2020 et 2030, avec des chiffres estimés à 918,93 millions de dollars en 2020 contre 1 1102,29 millions de dollars en 2030 ; que les exportations de produits agricoles vers l'UE augmenteront de 6,55 millions de dollars tandis que les exportations du secteur industriel augmenteront de 282,07 millions de dollars. Dans le cadre de la ZLECAF, les importations connaîtront une hausse, ce qui profitera aux consommateurs ;
En ce qui concerne la demande extérieure, le rapport apprend qu'elle augmentera dans le cadre des APE ( 0,01% pour les produits agricoles, 0,59 pour les produits industriels et 0,03 pour les services). De l'autre côté, la ZLECAF affecterait négativement la demande extérieure avec -11,03 pour les produits agricoles, -17,98% pour les industriels mais une augmentation de la demande de services à 49,84% ; à cause de l'environnement difficile des affaires au Cameroun, les investissements dans l'industrie augmentent de 0,2% mais diminuent de 0,1% pour l'agriculture et les services dans l'Ape. Dans la ZLECAF en revanche, les investissements augmentent de 1,60% dans l'agriculture, de 2,14% dans l'industrie et de 1,30% dans les services. Pour terminer, les deux accords vont améliorer le bien-être des ménages de 651,79% millions USD soit 3,11% alors que les salaires augmentent de 0,88% en 2030. Il faut par ailleurs noter que l'APE exerce une pression pour la baisse des salaires au Cameroun.
Recommandations politiques
Pour que tout cela soit possible, il faudrait que le Cameroun discipline et renforce plusieurs secteurs d'activités. Le rapport dans ses recommandations, suggère aux politiques de renforcer les infrastructures pour profiter de la ZLECAF et de l'APE, il s'agit notamment du système de transport et logistique ; d'améliorer la compétitivité de l'agriculture en soutenant les techniques agricoles modernes ; d'améliorer l'environnement des entreprises pour stimuler l'investissement ; d'élaborer une stratégie nationale pour la ZLECAF, de renforcer les réglementations commerciales et de sensibiliser le secteur privé.
Pour retrouver gratuitement l'intégralité du rapport, rendez-vous sur le site du CEPI en cliquant sur info@cepi.org .
Oriane NKODO
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